La Thérapie existentielle plus pertinente que jamais

Nous vivons une époque de crise existentielle. Ces dernières années ont été marquées par d’importantes questions relative à la vie et la mort : le changement climatique, les conflits mondiaux et les crimes de haine. Mais les crises les plus insidieuses sont peut-être celles qui menacent notre identité. Nous nous demandons qui nous sommes sans notre « communauté »,  notre parti politique ou notre appartenance religieuse ; sans notre téléphone portable et nos divertissements ; sans nos selfies ou nos abonnés aux réseaux sociaux ?  Trop souvent, la réponse est : personne.

La vérité est que nous sommes polarisés politiquement, radicalisés religieusement et hypnotisés technologiquement parce que nous nous sentons perdus et insignifiants sans ces extrêmes. C’est pourquoi nous nous trouvons dans une crise existentielle mondiale.

Les menaces existentielles nous ébranlent au plus profond de nous-mêmes. Elles nous laissent sans réconfort dans la tempête, réduisent nos chances de nous en sortir et diminuent notre capacité à mener une vie gratifiante. Heureusement, il existe une alternative.

C’est là qu’intervient la psychothérapie existentielle. Ce processus est conçu pour nous atteindre au plus profond de nous-mêmes. La thérapie existentielle pose deux questions fondamentales : « Comment est-ce que je vis actuellement ? » et « Comment est-ce que je suis prêt à vivre, étant donné l’état de mon expérience actuelle ? » Ces questions sont parfois posées explicitement, mais le plus souvent elles sont implicites dans le contexte d’une relation thérapeutique bienveillante et profondément présente.

À une époque où les connexions internet, les adeptes des médias sociaux et les relations transactionnelles semblent infinies, la thérapie existentielle se concentre sur les relations de soutien et d’empathie. Ces relations sont fondées sur l’ici et le maintenant, et donnent la priorité à ce qui compte le plus dans la vie des gens. C’est pourquoi la thérapie existentielle permet aux personnes de se sentir en sécurité, soutenues et entendues – un cocktail relationnel rare dans le monde zappeur d’aujourd’hui.

La présence est la clé de la thérapie existentielle. Elle est le miroir de notre combat intérieur : le combat entre la partie de nous qui aspire à se libérer et à trouver un sens, et la partie qui nous retient dans cette quête.

De manière implicite et parfois explicite, les thérapeutes existentiels tendent un miroir à leurs clients, leur permettant de devenir plus présents à eux-mêmes et de faire des choix plus éclairés sur la manière dont ils sont prêts à vivre. Cette présence s’approfondit au fil du temps, permettant aux personnes de dépasser les objectifs court-terme et de créer une toute nouvelle façon de vivre. Cette nouvelle façon de vivre maximise le sentiment d’émerveillement et d’étonnement, plutôt que de tomber dans la terreur et l’accablement. Elle privilégie l’aventure à la routine et elle accroît la capacité de répondre aux circonstances stressantes plutôt que d’y réagir impulsivement.

Je sais que cette méthodologie fonctionne, non seulement parce que je pratique la thérapie existentielle, mais aussi parce que je suis un ancien patient qui a lutté profondément contre l’anxiété. Grâce à ce travail, j’ai pu transformer ma réactivité persistante en présence et en curiosité. Cela a changé ma façon de vivre et de me manifester dans ma vie.

La thérapie existentielle va au-delà du changement individuel et c’est précisément ce dont nous avons besoin en ce début d’année 2024. Nous sommes confrontés à des conflits mondiaux, à des crises climatiques et à des élections américaines marquées par des stratégies politiques déshumanisantes qui sèment la discorde. Si nous voulons traverser cette ère de crises existentielles, nous devons aller au-delà des remèdes individuels et nous tourner vers un soutien public à la santé mentale.

Pour les communautés, cela peut prendre la forme de conversations individuelles facilitées visant à humaniser des personnes aux antécédents culturels et politiques différents. Des projets tels que le « Dialogue sur la démocratie expérimentale » sont spécifiquement conçus pour renforcer l’empathie et réduire les stéréotypes partisans. Cela ne signifie pas que les deux partis parviendront à un consensus, bien que cela se produise périodiquement. Mais ce qui est peut-être plus important, c’est que les deux parties quittent souvent la discussion avec moins d’hostilité et une meilleure compréhension de l’autre personne.

Au niveau national, nous devons répondre à l’ampleur des bouleversements sociaux par des initiatives accessibles et organisées. Ma proposition ? Un corps national de prestataires de services de santé mentale. À l’instar du Peace Corps, cette initiative du secteur privé ou du gouvernement offrirait des relations abordables et réparatrices pour amortir les dynamiques émotionnellement appauvries qui déchirent notre société. Outre les groupes de dialogue mentionnés, cette initiative pourrait inclure des thérapies approfondies à plus long terme, du coaching de vie, du mentorat et toute une série d’autres offres abordables et réparatrices sur le plan émotionnel – en particulier pour les communautés mal desservies.

Notre société arrive à un point de basculement. La bonne nouvelle, c’est que nous disposons des outils nécessaires pour guérir – il nous suffit de mettre en place des systèmes qui soutiennent notre santé mentale collective. Pendant que nous travaillons sur ce mouvement, il est encore possible pour vous de faire face à votre propre crise individuelle. Si vous en avez assez d’être « drogué et branché », coincé dans un cycle sans fin d’engourdissement par des obsessions alimentées par la dopamine, je vous invite à envisager une thérapie existentielle. Notre humanité – au sens propre comme au sens figuré – en dépend.

Cet article est la traduction (amateure, puisque réalisée par l’Approche PEARL) d’un article publié par Kirk J. Schneider  dans Psychology Today et dont le contenu original est disponible ici : https://www.psychologytoday.com/us/blog/awakening-to-awe/202403/existential-therapy-for-existential-times