Formation psychothérapeute : mode d’emploi

Comment doit s’opérer la formation de psychothérapeute ? La psychothérapie doit-elle être assimilée à une forme de médecine ?

Le débat concernant le profil des gens susceptibles de devenir psychothérapeutes et la manière de procéder à la formation de psychothérapeute est vieux comme Hérode.

Soyons bien clairs : notre formation n’est pas une formation de psychotherapeute, c’est une formation de psychopraticien. Si vous désirez le titre pour devenir psychotherapeute, il vous faudra soit un doctorat de médecine, soit une maîtrise de psychologie assortie d’un stage de 5 mois dans un établissement spécialisé. Dans les deux cas, il ne vous sera pas demandé d’opérer un quelconque travail sur vous-même, ce qui, de notre point de vue, vide de tout son sens le titre de psychothérapeute. Une histoire Kafkaienne !

Depuis l’amendement Acoyer (voir plus bas), les thérapeutes de formation qui, comme nous, ont souhaité continuer à pratiquer leur métier sans souscrire au paradigme médical en ce qui concerne l’exercice de la psychothérapie ont opté pour le choix d’un nouveau nom de métier : psychopraticien, thérapeute existentiel, thérapeute centré sur le sens, thérapeute centré sur la personne, praticien en psychothérapie etc…

Vous souhaitez vous former pour devenir psychopraticien ?

En amont de toute demande d’information, nous vous demandons de bien prendre le temps de lire notre brochure . Elle décrit les éléments clés de notre formation (format, lieu, calendrier, programme, tarifs, pré-requis, modalités d’inscription …).

Formation de psychothérapeute ou formation de psychopraticien ?

A l’Approche PEARL, il nous semble que choisir une formation de psychotherapeute en suivant la voie universitaire ou choisir une formation de psychopraticien pour devenir therapeute requiert en premier lieu de réfléchir  à la notion de « soin ». « Soin » est un mot courant dans la thérapie comme dans la vie quotidienne. Il renvoie à des notions de sollicitude et de sympathie, et dans un contexte médical il implique l’idée de « prendre soin de », c’est-à-dire de protéger ou de prendre en charge.

En psychologie, deux principaux paradigmes s’opposent concernant la manière de comprendre le comportement humain :
• le paradigme déterministe, dont les thérapies centrées sur le modèle médical sont l’exemple le plus frappant ;
• le paradigme moral, dont les thérapies existentielles et humanistes sont les principaux représentants.

Le paradigme déterministe explique le comportement humain en termes de causes. Il existe plusieurs versions de cette vision causale : le déterminisme biologique (ex : psychiatrie) explique le comportement comme étant causé par le corps et par le cerveau ; le déterminisme social (ex : approche cognitivo-comportementales) explique le comportement humain comme étant causé par les conditions sociales ; et le déterminisme psychologique (ex : psychanalyse) l’explique en termes d’événements historiques et de traumatismes. Chacun de ces paradigmes écarte le libre arbitre moral et donc la responsabilité personnelle.

Le paradigme moral ne se réfère pas à une éthique particulière mais à la personne en tant qu’agent autonome qui désire, entend, planifie, agit et subit les conséquences de ces actions, pour le meilleur ou pour le pire. Il considère et comprend le comportement humain en termes de désirs, d’intentions, de motifs, d’objectifs, d’idéaux, d’engagements, de valeurs, de contexte, de contrats et de lois.

Bien évidement, l’Approche PEARL s’inscrit dans le paradigme moral. A l’Approche PEARL, comme dans toutes les approches humanistes et existentielles de la psychothérapie nous comprenons le mot « soin » dans un sens particulier : ce dont on prend soin en psychothérapie existentielle est l’autonomie de la personne, et cela n’est possible qu’au travers du respect et de la confiance que l’on place en les capacités de la personne à prendre ses propres décisions concernant sa vie. A l’instar de compagnons de voyage, nous ne nous concentrons pas sur « le psychisme » des consultants, ce qui consisterait à les observer, à les analyser et à essayer d’expliquer pourquoi ils font ce qu’ils font. Ne trouveriez-vous pas très irritant un compagnon de voyage qui passerait tout son temps à vous scruter et à vous analyser ?

Le psychopraticien n’est pas un enquêteur qui explore tous azimuts la vie de son interlocuteur, à la recherche des éléments manquants permettant de deviner ses motifs cachés. Il n’est pas non plus cet archéologue qui enlève, couche après couche, la poussière qui couvre la vraie personnalité de son client. Il est « le bon compagnon de route » c’est à dire celui établi avec l’autre un rapport « authentique » permettant la manifestation de la subjectivité autonome de l’autre.

En Thérapie Existentielle, notre attention est plutôt tournée vers l’extérieur, vers l’être au monde de la personne, ce qui consiste à se tenir aux côtés de l’autre pour voir son monde tel qu’il le voit. Ceci est donc très différent des approches psychodynamiques qui cherchent à interpréter pour expliquer les actions et sentiments d’une personne et à formuler une théorie sur l’origine de leurs problèmes. C’est également très différent des approches cognitivo-comportementales et des approches psycho-éducatives où le thérapeute encourage la personne à modifier sa manière de regarder les choses et son comportement.

Pour être très clair, en thérapie existentielle, nous ne cherchons pas à « faire quelque chose » aux gens. Nous pensons que l’autre ne doit pas être un medium de nos propres désirs. Ceci implique que celui qui souhaite devenir thérapeute en thérapie existentielle soit particulièrement informé de ses propres biais et désirs, afin qu’il puisse les mettre en suspens pendant le temps de la rencontre, chose que ne lui apportera pas une approche universitaire de la formation de psychotherapeute.

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Vision médicale ou non médicale de la formation de pyschothérapeute ?

En son temps, Sigmund Freud, un neurologue qui devint le père fondateur de la psychanalyse eu bien du mal à convaincre ses confrères médecins de la possibilité de l’existence d’un « inconscient » échappant à la volonté du sujet et capable d’engendrer des perturbations d’ordre somatique. Assez vite, il eu le pressentiment que le paradigme médical poserait problème pour la formation psychothérapeute et eu trés top à coeur de favoriser le développement d’une psychothérapie « profane », c’est à dire exercée par des non–médecins. Dans une lettre à son confrère et ami Sandor Ferenczi, il écrit : « Le développement interne de la psychanalyse, contrairement à mes intentions, s’éloigne partout de l’analyse pratiquée par les non-médecins, pour devenir une spécialité médicale, et je considère cela comme fatal pour son avenir ! ».

Qu’appelons-nous « paradigme médical » pour la formation de psychotherapeute ? Il s’agit d’une vision du monde qui pourrait se résumer de la manière suivante : « il existe des lois qui régissent le fonctionnement de l’être humain dans son monde de façon identique chez chaque sujet, indépendamment de son contexte. ».

Dans ce paradigme, ce qui fonctionne comme la « loi » le prévoit est nommé « logique » ou « normal » et ce qui fonctionne différemment est nommé « pathologique » ou « anormal ». Dans une telle approche, si un individu ne répond pas de la manière attendue à un stimulus ou d’une manière identique à la majorité des autres personnes, c’est qu’il y a un dysfonctionnement, et ce dysfonctionnement doit alors faire l’objet d’une ré-éducation  S’agissant de symptômes psychiques, la plupart du temps le « soin » apporté par le psychothérapeute dans un paradigme médical va consister à « reprogrammer » l’individu, dans le but de le rendre « fonctionnel », c’est à dire « suffisamment proche de la normalité » pour être adapté à la vie en société.

Si Freud était contre ce paradigme, c’est précisément parcequ’il pensait que le but principal d’une psychothérapie n’était pas de faire disparaître les symptômes d’une personne pour la rendre normale, mais à rendre conscient l’inconscient pour « réunifier » le sujet qui pourrait ainsi devenir l’auteur de sa propre existence, ceci ne pouvant pas être mis en protocole, bien évidement.

Formation-psychotherapeute

Les limites du modèle médical de la formation psychothérapeute

Le cadre légal pour la formation de psychotherapeute

Avant 2004 : la formation de psychotherapeute est libre et non encadrée

Le paysage de la psychothérapie et de la formation psychotherapeute a beaucoup changé depuis les années 1960, où n’existaient en France que la thérapie médicamenteuse, pratiquée par les psychiatres, et la cure psychanalytique avec quelques-uns de ses dérivés. Aujourd’hui, le monde des psychothérapies est vaste et complexe (il existe plus de 450 types de psychothérapies) ce qui fait qu’il n’est pas simple de s’y retrouver…

Ce nombre impressionnant s’explique tout d’abord par le fait que le premier mouvement historique (la psychanalyse) a fait l’objet de nombreux schismes idéologiques importants, ce qui a donné lieu à la naissance d’autant de « courants psychanalytiques » : Freudien, Jungien, Adlerien, Kleinien…

Ensuite, certaines approches ont fait l’objet de plusieurs « vagues », les « mises à jour » n’effaçant pas systématiquement les « versions d’origine » sur leur passage. C’est le cas notamment des thérapies cognitivo-comportementales, qui en moins d’un siècle, ont déjà vu apparaître 3 vagues (1-comportementale, 2-cognitive, 3-émotionnelle) donnant chacune naissance à plusieurs rejetons.

Par ailleurs, avec l’essor de la loi du « marché », certaines approches sont devenues des « marques déposées » (ex : EMDR), ce qui fait que chaque « mise à jour » ou évolution de l’approche par l’un de ses praticiens a donné lieu à une nouvelle marque.Enfin, bien souvent le « fondateur » a le désir d’affirmer une nouveauté qui va s’exprimer assez souvent au travers d’un nouveau nom. Cependant, comme pour les médicaments, on retrouve souvent, sous des appellations diverses, un produit comparable.

Jusqu’à une époque récente, ni le titre de psychothérapeute, ni la formation psychothérapeute, ni la pratique de la psychothérapie n’avaient fait l’objet d’une réglementation par le législateur. Bien évidement, dans les faits, la majorité des personnes qui pratiquaient la psychothérapies étaient formées par différentes sociétés savantes, ou par des organismes de formation privés, fondés par les inventeurs des différentes méthodes thérapeutiques, mais concrètement, jusqu’en 2004, il était possible de s’installer en tant que psychothérapeute sans même avoir suivi une formation de psychothérapeute.

On assiste donc, à la fin des années 1990 à plusieurs phénomènes concomitants :

  • l’élargissement du champ des pratiques de psychothérapie, initialement focalisé sur traitement des troubles mentaux, aux domaines du mieux-être et du sens de la vie ;
  • la naissance d’écoles de formation de psychotherapeute présentant des contenus théoriques et pratiques d’une grande diversité.
  • la démocratisation du recours au service des psychothérapeutes, parfois dans une approche consumériste.
  • la création d’associations de victimes de psychothérapeutes jugés déviants ou pervers (dérapeuthes), escrocs ou tout simplement incompétents

A partir de 2004 : la pratique de la psychothérapie reste libre, mais le titre de psychothérapeute est réservé aux médecins et à certains universitaires

Il y a avait effectivement un vide juridique. C’est la raison pour laquelle les organisations professionnelles de la psychothérapie, conscientes des risques de dérives, avaient commencé à réguler la profession, sous l’impulsion en France de l’AFFOP et au niveau européen sous l’égide de l’EAP (European Association for Psychotherapy).

Leur idée directrice était simple : rendre accessible le métier de psychothérapeute à toute sorte de personnes et agir sur les pouvoirs publics afin que la psychothérapie soit reconnue comme une profession indépendante de la psychologie et de la médecine. Dans une telle optique, il deviendrait ensuite possible de penser le tronc commun de toute formation de psychotherapeute.

Mais en 2004, le député Bernard Accoyer, médecin de profession, s’inquiète de ce que la psychothérapie échappe aux responsables de la santé publique. Il soumet un amendement à l’assemblée nationale visant à réserver cette profession aux psychologues et aux médecins, amendement qui sera voté et à la suite de quoi le titre de psychothérapeute est désormais réservé aux psychiatres et, sous certaines conditions, aux psychologues, aux psychanalystes et aux médecins. Précisons cependant que le vide juridique demeure, puisque si le titre est encadré, la profession reste non réglementée. Il est donc tout à fait légal de faire de la psychothérapie à condition de ne pas se prévaloir du titre de psychothérapeute. C’est pour éviter toute ambiguïté que certains choisissent de s’appeller psychopraticiens, gestalt-thérapeutes ou praticiens en thérapie existentielle.

Devenir psychopraticien : quel sens ça a puisque le titre et la formation psychothérapeute sont réservés à un public restreint ?

Au final : qui est susceptible de pratiquer la psychothérapie ?

Les noms donnés aux psychothérapeutes ont évolué au fil du temps en fonction du sens donné au concept d’esprit et en fonction des régions du globe. Sorciers, chamans, prêtresses, astrologues, philosophes, guérisseurs, rebouteux, magnétiseurs, médecins… cherchent tous à leur manière à prendre soin de l’esprit, celui-ci étant entendu tour à tour comme : âme d’essence divine, conscience morale, raison, faculté de penser propre à l’homme, activité mentale, activité bio-chimique du cerveau…

De nos jours, la psychothérapie peut-être pratiquée par différents thérapeutes de formation que l’on peut regrouper dans le cadre de 4 métiers différents :

Le psychiatre : C’est un médecin qui traite les problèmes psychologiques liés à une pathologie. Il connaît  la psychopathologie et la pharmacopsychologie, mais n’est pas nécessairement formé à la pratique de la psychothérapie, et pourtant, c’est le seul qui peut automatiquement se prévaloir du titre de psychothérapeute (cf. ci-dessus). De toutes les professions psy, il est le seul habilité à prescrire des médicaments : antidépresseurs, anxiolytiques, thymo-régulateurs… Attention : tant que l’entretien ne vise qu’à diagnostiquer un trouble et prescrire des médicaments, il s’agit de médecine comme le ferait un généraliste, et pas de psychothérapie. Les consultations en psychothérapie chez un psychiatre ne sont pas remboursée par la sécurité sociale.

Le psychologue clinicien : Le psychologue est un diplômé d’une licence de psychologie et d’un Master en psychologie clinique délivré par la faculté de psychologie. C’est un spécialiste des processus mentaux. En principe, une partie importante de la formation universitaire porte sur l‘étude du fonctionnement biologique du cerveau, sur les symptômes liés aux psychopathologies et troubles mentaux, et sur les « tests et outils de diagnostics ». La formation pratique en psychothérapie est généralement relativement réduite et elle est principalement axée sur les thérapies cognitivo-comportementales bien que le cadre théorique (analytique, cognitivo-comportemental, ou intégratif) varie d’une université à l’autre. Tout comme le psychiatre, il n’est pas soumis à l’obligation de suivre une psychothérapie, ni à faire superviser sa pratique par des pairs.

Le psychanalyste : Grâce à une écoute non directive, il aide une personne à faire émerger à la conscience des contenus issus de son inconscient. La formation des psychanalystes n’est pas encadrée par l’état, contrairement aux formations universitaires de psychologie et de psychiatrie qui constituent ce que l’Etat français reconnait comme devant être LA formation de psychothérapeute. Il faut néanmoins, pour devenir psychanalyste, que les aspirants analystes aient effectué une analyse personnelle sur plusieurs années et qu’ils aient suivi une formation théorique en psychanalyse assurée dans le cadre de l’une des sociétés de psychanalyse ou d’écoles psychanalytiques. Le psychanalyste propose un travail par la parole qui ne vise pas en premier lieu à guérir (même si cela se produit, ce n’est pas le projet) mais à rencontrer l’inconscient, à rencontrer ses vides.

Le psychopraticien ou praticien en psychothérapie : Le terme désigne un nom de métier qui succède à l’ancienne appellation « psychothérapeute » avant que celle-ci ne soit devenue un titre réservé (2010) aux psychiatres, et (sous conditions) à certains psychologues et psychanalystes. Un psychopraticien est une personne formée dans un institut privé à une ou plusieurs approches de psychothérapie disposant d’un cadre de référence théorique, méthodologique et pratique clair (Approche Centrée sur la Personne, Gestalt, Psychothérapie Existentielle, etc…). C’est une personne qui a par ailleurs suivi une psychothérapie personnelle approfondie, qui fait superviser sa pratique et qui s’engage à définir et respecter un code de déontologie.

Le « multi-psy » : Certains ont plusieurs compétences. Ainsi un psychiatre peut aussi être hypnothérapeute ou psychanalyste. Un psychologue peut aussi être Gestalt-praticien. Cela leur donne la possibilité d’intervenir sur plusieurs registres. De même, il existe des psychopraticiens qui exercent aussi le coaching, des activités de bien-être (massages, méditation), ou encore des professions paramédicales ou assimilées (osthéopathe, psychomotricien).