Pratiquer la thérapie existentielle

Ne pas rejeter ce qui est, mais l’intégrer : faire de sa blessure une Perle, probablement un des plus beaux exemples naturels de sublimation.

Il est commun de penser que quand une personne va mal, c’est « à cause » de quelque chose. En conséquence, la réaction naturelle consiste à tenter d’identifier la cause pour la supprimer. Selon nous, trop d’approches comportementalistes fonctionnent ainsi en se concentrant sur une reprogrammation cognitive du sujet, sans lui permettre d’évoluer en profondeur.

En effet, en matière de psychologie et de psychothérapie, il nous semble important de préciser que si quelque chose cause un symptôme, ou cause un problème, c’est sans doute pour une raison. Nous sommes persuadés qu’une thérapie qui serait focalisée sur l’éradication des causes sans tenir compte de leur raison d’être (selon notre approche de la thérapie existentielle : un appel à la manifestation de la liberté existentielle du sujet) équivaudrait à tenter de soigner une fracture en procédant à une amputation.

Symptôme

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Cause

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Raison

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Le symptôme est un problème, un comportement, un affect, une maladie, un schéma… c’est que le patient relate ou exhibe en séance et dans sa vie.

Une cause est ce qui produit, provoque un effet, ce par quoi quelque chose arrive. La notion de « cause » est un état de chose qui, en évoluant, amène (ou plus exactement « aboutit à ») quelque chose d’autre. Ex : à force de boire, je deviens addict à l’alcool.

Une raison est ce qui justifie un fait, ce qui permet de reconnaître un fait comme légitime, ce qui lui donne du sens. Ex : une perte du sentiment de valeur de l’existence peut être une raison d’essayer de compenser en buvant de l’alcool.

La thérapie existentielle dans l’Approche PEARL est une démarche qui explore le sens de nos symptômes, de notre anxiété et de nos conflits intérieurs afin de permettre à une personne de choisir, en conscience, comment vivre chaque instant « dans le bon sens », indépendamment de son histoire de vie.

Au milieu du XXe siècle, au sein du courant de la psychologie humaniste américaine se détache une pratique thérapeutique, appelée psychothérapie existentielle-humaniste, sous l’impulsion de Rollo May, auteur d’une thèse intitulée The Meaning of Anxiety (« Le sens de l’anxiété »), dans laquelle il développe l’idée que l’anxiété est « naturelle » chez l’homme, elle est en réalité un appel à la créativité, le signal qu’une personne doit exercer sa liberté d’Etre, sa liberté de conscience, pour oeuvrer à l’amélioration de sa condition.

Rollo May, le père de la psychothérapie existentielle américaine

On retrouve ici une idée assez proche de celle du concept d’individuation chez Jung, d’actualisation de soi chez les psychothérapeutes humanistes et de la noodynamique exposée en europe par Viktor Frankl dans son approche d’analyse existentielle et de logothérapie.

Par ailleurs, Rollo May propose de renouer avec une partie de la vision psychanalytique classique de Freud et Jung en nous rappelant qu’il est indispensable de rendre conscient ce qui est inconscient. Pour ce faire, il invite les psychopraticiens à réellement investir la relation thérapeutique avec toute leur sensibilité, « à aller dans l’enfer, dans l’enfer de leur patient, dans l’enfer de la vie ».

En effet, il exprime l’idée que l’empathie chère à Carl Rogers a conduit les psychopraticiens humanistes dans une impasse où le thérapeute a tendance à s’oublier pour Etre avec l’autre, alors qu’il est souvent productif en psychothérapie d’utiliser notre sensibilité pour questionner nos patients.

Plus tard, Irvin Yalom développera l’idée que certains troubles psychologiques, tels que les cas d’anxiété et de dépression, sont le résultat de l’incapacité d’un individu à faire face aux dilemmes existentiels de la vie humaine (la mort, la liberté, l’isolement, le sens de la vie).

La psychothérapie existentielle est donc une approche qui explore le conflit intérieur que ressent le patient lorsqu’il est confronté à des préoccupations cruciales dans sa vie. Il peut s’agir :

  • de l’inévitabilité de la mort,
  • de la liberté et de ses responsabilités,
  • de l’isolement existentiel
  • de la perte de sens.
Irvin Yalom, l'auteur du livre intitulé psychothérapie existentielle

L’ Approche PEARL de la thérapie existentielle suppose que c’est le « désir d’être » de la personne qui s’est trouvé lésé au cours de son existence et qui se manifeste au travers de ses symptômes et de son mal-être.

Selon nous, toute personne a un besoin de s’affirmer en tant qu’individu singulier tout en souhaitant contribuer à « plus grand qu’elle » (auto-transcendance). Simplement, au cours de leur vie, certaines personnes ont dû s’adapter, faire des compromis volontaires ou pré-réfléchis, se diminuer, pour tenter d’être acceptées, ou simplement pour survivre.

En tant qu’êtres humains, nous passons un temps considérable (et fortement inconscient) à nous protéger. A protéger la représentation que nous nous faisons de nous-mêmes, à nous protéger de nous confronter à quelque chose, à nous protéger de nous sentir mis à nu et vulnérables, d’avoir honte, etc… Si les protections nous servent dans une certaine mesure, un excès de protections nous empêche de nous rencontrer pleinement, nous freinent dans le chemin qui vise une relation authentique, et nous ankylosent au moment de donner de véritables réponses aux questions posées par la vie.

L’image du scaphandre spatial des astronautes, empruntée à James Bugental dans « Psychotherapy is not what you think » va nous servir :
A l’instar du scaphandre, les mécanismes et schémas de protection nous aident à survivre et à fonctionner, mais ils ne nous laissent pas la liberté de nous gratter le nez ! En somme, nous nous identifions à notre scaphandre et nous réduisons le monde à ce qui est possible d’expérimenter à l’intérieur de lui : nous réduisons notre monde à ce qui nous paraît sécure. Le coût potentiel en est une énorme perte de liberté, puisqu’en réduisant notre périmètre, nous réduisons aussi nos potentialités ! La bonne nouvelle est que bien souvent, c’est le poids du scaphandre qui amène les gens en thérapie. Amélie, par exemple, pourrait décider de venir en thérapie à l’occasion d’un moment où certains événements dans sa vie rendent son « scaphandre » trop contraignant, ce qui justifierait alors une demande d’aide. Amélie est peut être en proie à une bataille entre une part d’elle-même qui veut émerger (admettons : son désir de vivre des relations intimes) et son scaphandre qui réprime cette partie d’elle pour l’en protéger (peut-être de sa peur du rejet).

Ainsi, quand rien n’est fait et que le poids du scaphandre devient trop pesant, les symptômes (anxiété, dépression, addictions, troubles de la personnalité…) font leur apparition. La conception de la thérapie existentielle dans l’Approche Pearl repose sur le principe simple de l’existence, derrière chaque difficulté, chaque limite, d’une opportunité de se re-connecter à plus d’authenticité, de vérité.

Le psychopraticien n’est pas un guérisseur dont la tâche consiste à éliminer le symptôme ni même la cause des symptômes, c’est un serviteur de l’âme lésée. C’est celui qui, par son humilité et sa sagesse, invite la personne à contacter sa sensibilité, c’est à dire à s’ouvrir au chemin de retour à elle-même que lui montre son symptôme.

En thérapie existentielle, on considère que la raison du problème est toujours un besoin de reconnexion avec la responsabilité d’accorder sa vie avec ce qui a de la valeur à nos yeux. La thérapie existentielle est donc avant tout une invitation à plus d’authenticité.

La thérapie existentielle enseignée par l’Approche PEARL valorise l’expansion de la conscience. Bien qu’il y ait également un aspect du travail qui touche à l’inconscient ou, comme on l’entend parfois, au « subconscient » ; dans la pensée existentielle-humaniste il existe une valorisation générale de l’effort que consacre un individu à être « consciemment-conscient » de lui-même et des influences qui s’exercent sur lui.

L’objectif de la thérapie existentielle est d’aider les gens à contacter un sentiment de valeur personnelle, à donner une signification à leur existence, et à définir le but de leur vie.

La pratique de la thérapie dans l’Approche PEARL est humaniste : il n’existe pas un unique moyen qui serait adéquat pour répondre aux enjeux de l’existence; il appartient à chacun de déterminer ses propres choix et points de vue.

La thérapie existentielle dans l’Approche PEARL reconnaît que ce que Rollo May a qualifié de « force daïmonique», ce que Carl Rogers et Abraham Maslow ont nommé « tendance auto-actualisante », ce que Jung a nommé individuation et ce que Frankl a baptisé « noodynamique » sont des concepts qui reconnaissent l’existence d’une force spécifique à l’être humain qui le pousse à suivre son désir de mise en harmonie du sens de sa vie (monde représenté) avec le sens de la vie (monde expérimenté).

En ce sens, la psychologie existentielle postule que les principaux troubles psychologiques sont la conséquence d’une perte de connexion à cette dimension purement humaine. La psychologie existentielle, en particulier en ce qui concerne la psychothérapie, est une approche relationnelle. Cependant, ce que l’on entend par relations peut grandement varier. Du point de vue existentiel-humaniste, le relationnel est manifesté par la valorisation de l’individu et de son potentiel et par l’acceptation de son agencement personnel dans l’instant de la relation. Nous utilisons le mot « empathie » pour désigner cet état d’Etre avec l’autre.

La thérapie existentielle Approche Pearl : Yalom, Frankl, Rogers, Fromm, Maslow, May, Bugental...

En thérapie existentielle, il ne s’agit donc jamais de ramener les gens à la normalité, mais toujours de les aider à éclairer la manière dont ils utilisent leur esprit pour donner un sens au monde et à leur vie, afin qu’ils puissent se sentir l’auteur(e) de leur propre existence.

En tant que tel, ce qui est au centre de la thérapie existentielle, ce n’est absolument pas le « traitement » de ces symptômes gênants, mais bien le réexamen de nos opinions tranchées et de nos certitudes défensives et limitantes quant à la vie ainsi que le développement d’un « courage de vivre dans l’incertitude » qui consiste en une attitude où l’on accepte de se re-définir chaque jour.

Puisque la vie est un changement, notre « état » naturel est celui du changement et de la recherche de sens. Au cours de la thérapie existentielle, nous ne travaillons pas sur « le changement », nous travaillons plutôt sur l’arrêt de notre recherche automatique de fixité du sens, et sur l’ouverture au changement.

Selon l’Approche PEARL , le but de la thérapie existentielle est donc de permettre à une personne de développer une forme de confiance dans ce changement permanent qu’est le flux de la vie. Etre « ouvert », signifie dé-couvrir, se distancier de ses a priori pour voir l’unique de chaque situation et se responsabiliser quant au sens à donner, avec toutes les conséquences que cela est susceptible d’engendrer et à propos desquelles l’incertitude est de mise.

La thérapie existentielle

En ré-ouvrant la personne au changement, nous la réintroduisons à sa responsabilité personnelle et dans ce que nous pourrions appeler la loi de la conséquence existentielle, à savoir que lorsque je fais quelque chose, il s’ensuit quelque chose… dont il m’appartient d’assumer la responsabilité.

Pour nous, la thérapie existentielle n’est pas un processus de guérison d’une maladie. C’est un processus au cours duquel une personne se « cherche » en se « disant » à une autre personne. Ce n’est donc pas non plus un espace où l’on viendrait recevoir les conseils d’un expert. La thérapie existentielle est une expérience de vie qui permet à une personne de faire une rencontre authentique avec elle-même et avec les autres, d’intégrer dans un tout cohérent les divers aspects de son existence. Ainsi, le psychopraticien questionne son interlocuteur, non pas seulement dans le but de comprendre celui-ci, mais aussi et surtout dans le but de lui permettre de « se comprendre », c’est à dire de percevoir ses propres processus de pensée.

Tout ceci a une importance capitale pour la conception que l’on peut avoir de l’entreprise thérapeutique dans une approche existentielle : on ne cherche pas en premier lieu à résoudre les difficultés pratiques ou à régler les problèmes de la vie d’une personne, mais à les inscrire dans une perspective plus large à partir de laquelle elle peut choisir la manière dont elle souhaite les gérer, au présent comme dans le futur.