La psychologie individuelle est une approche développée par Alfred Adler, ancien disciple de Freud en 1911

Formation en psychothérapie Adler psychologie individuelle

Loin de mettre en avant l’individualité en termes de séparation ou d’unicité, la psychologie individuelle souligne que l’intégralité de la personne englobe des aspects biologiques, des attitudes psychologiques, ainsi que des liens familiaux, sociaux et communautaires. Selon Adler, aucun praticien en psychothérapie ne pouvait espérer comprendre les problèmes d’une personne sans tenir compte de toutes ces dimensions, son approche visant à considérer chaque personne comme un être à comprendre dans son originalité et dans sa spécificité, et non en regard d’un scénario déterministe (animalité) comme en psychanalyse classique.

Il applique ses principes à l’éducation et développe sa théorie où il définit le  » complexe d’infériorité  » et met de l’avant l’importance du sentiment social comme facteur de base de la vie psychique. Pour Adler, la formation de la personnalité s’appuie sur les trois piliers que sont :

  • le sentiment d’infériorité,
  • la compensation
  • et le sentiment de communauté auxquels il faut ajouter le pouvoir créateur.

Selon la théorie de la psychologie individuelle, les névroses résultaient d’une fixation malsaine sur des infériorités subjectives et des idées de supériorité mal fondées. Ces significations erronées viennent de l’interprétation que fait une personne de ses limites biologiques et sociales.

Adler est sans conteste considéré comme un des pères du mouvement psychanalytique américain (post-freudiens) qui fait grand usage du complexe d’infériorité, dans la mesure où une origine sociale est assignée à la névrose.

Sentiment d’infériorité et mécanismes de compensation

A sa naissance le nourrisson est dans un état d’infériorité très important : il ne peut ni se déplacer, ni s’habiller, ni se nourrir seul : Il est tout petit devant ces géants tout puissants que sont ses parents et les adultes… Dit autrement, l’état d’infériorité, réel ou imaginaire est ressenti dans le psychisme et donne naissance à un sentiment d’infériorité. Ce sentiment n’est pas pathologique, il constitue simplement l’aiguillon qui nous pousse à avancer, à nous adapter.

Dès les premiers moments le nourrisson va chercher à compenser son infériorité :

  • Par ses colères , il attire l’attention de l’entourage et le soumet ainsi à ses besoins
  • Par ses pleurs, il sensibilise son entourage, et le met à son service
  • Par ses sourires, ses mimiques, ses mouvements de pédalage, il manifeste, déjà, sa collaboration, répond à l’affection des siens, les remercie de ce qu’ils font pour lui.

Sens de la communauté

formation en psychothérapie : sens de la communauté

Le sentiment de communauté, aussi appelé sens de la communauté, sens social, sentiment social dans la littérature Adlérienne est une faculté biologiquement enracinée dans la psyché mais à l’état potentiel, embryonnaire : comme le langage, elle devra pour se former, s’épanouir, être éveillée, intensifiée, développée par les échanges avec les autres. C’est le besoin de se lier aux autres, de s’identifier (l’empathie); c’est la capacité de reconnaître l’autre et d’apprécier sa reconnaissance, de le traiter en sujet, non en objet.

Le sentiment de communauté constitue une synthèse entre égoïsme et altruisme car ce que le sujet fait pour lui il le fait aussi pour la communauté puisqu’il en fait partie, ce qu’il fait pour la communauté il le fait aussi pour lui puisqu’il lui appartient.

Pour Adler, le développement du sentiment de communauté conditionne le niveau du sentiment d’infériorité : le développement normal du sentiment de communauté encourage le sujet à aller de l’avant et diminue son sentiment d’infériorité; il facilite ainsi l’épanouissement de ses diverses qualités : intelligence, mémoire, goût de l’effort, courage… D’ailleurs, dans certains cas exceptionnels la surcompensation du sentiment d’infériorité par le sentiment de communauté aboutit au génie (ex : Degas qui devient aveugle jeune, Mozart qui a un pavillon d’oreille atrophié).

Le blocage du développement du sentiment de communauté augmente le sentiment d’infériorité qui peut se transformer en complexe d’infériorité ou en complexe de supériorité.

Complexe d’infériorité ou complexe de supériorité

le complexe d'infériorité en psychologie individuelle

Le complexe d’infériorité

Par manque d’un développement suffisant du sentiment de communauté le sujet peut se sentir isolé, perdre sa confiance en lui-même, devenir le siège d’hésitations, de doutes, de craintes faisant apparaître des menaces, des dangers là où il n’y en a pas, d’angoisses rendant tous projets irréalisables… Ce sont des symptômes du complexe d’infériorité.

Ainsi, les manifestations névrotiques de ce complexe vont des formes graves, suicide, drogue, où l’agressivité se retourne contre la personne… à des formes plus bénignes, migraines, impuissance, fatigues, ou psychosomatiques, maux de dos, éruptions cutanées… Elles apparaissent toujours face à la confrontation du sujet à l’une ou à plusieurs des trois difficultés essentielles de la vie : le rapport à autrui (la vie en société), la vie professionnelle, et la vie affective (l’amour)

complexe de supériorité en psychologie individuelle

Le complexe de supériorité

Il masque un complexe d’infériorité sous-jacent. Il se révèle par des prétentions exagérées, des vantardises, des fanfaronnades, le mépris des autres, le besoin de fréquenter des personnes haut placées, de commander des « faibles »…

Par manque de sentiment de communauté le sujet cherche la compensation de son sentiment d’infériorité en développant son agressivité pour dominer les autres, il s’attaque à des personnes. La volonté de puissance peut le conduire à la délinquance, à la criminalité ; la forme la plus grave se trouve dans la paranoïa, le sujet se croit persécuté, plein de bonnes intentions mais pour lui, on méconnaît sa valeur.

Style de vie et Pouvoir créateur

Ce qu’Adler a entrevu au travers de la psychologie individuelle et qui a depuis été repris dans de nombreuses approches de psychothérapies, c’est l’existence, en chacun de nous, d’un « Pouvoir Créateur » qui attribue un sens à des expériences, découlant ainsi que la création d’une vision du monde, d’un réseau de croyances.

Personnalité et style de vie dans la psychologie individuelle

Pour Adler et sa  psychologie individuelle, tout commence avec les ressources trouvées par l’individu dans les toutes premières années de son enfance. L’enfant se donne très tôt un style de vie, qui sera sa manière à lui d’appréhender le monde et les problèmes qu’il contient. Le style de vie est un concept important dans la psychologie individuelle.
D’après l’usage qu’en fait Adler, il s’agit des styles d’approche de la vie qui reposent sur nos attentes à l’égard des autres et du monde, du « système de règles et de conduites développé par un individu pour atteindre ses buts dans la vie, sa modalité de réponse à son environnement. »
Nous trions ces attentes en fonction de l’interprétation des expériences et influences que nous vivons. Elles peuvent recouvrir des croyances comme « le travail acharné est récompensé » ou « la vie n’est pas juste » ou bien, s’il s’agit d’une personne maltraitée dans son enfance, « le monde n’est pas tendre et il est dangereux ».

Le style de vie faisant de la conscience un appareil psychique gouverné par une vision du monde globale et immuable, son inconvénient majeur est d’enfermer la conscience dans des représentions du monde abusivement généralisatrices. Ainsi, indépendamment de la diversité des faits de l’existence, indépendamment des nuances et de la variété des différents aspects de la vie, l’enfant généralise très tôt. Il a besoin de cette généralisation pour s’orienter dans la vie, mais elle le conduit assez vite à accorder plus d’importance à ses opinions sur les faits qu’aux faits en eux-mêmes, il adoptera ainsi des idées toutes faites sur les autres plutôt que de conserver un regard ouvert et objectif sur autrui.

Ces styles ou approches ont un effet très important sur notre aptitude à coopérer avec autrui. En fournissant aux gens une structure pour les significations qu’ils élaborent, les styles de vie affectent leurs attitudes et leur comportement au fur et à mesure que chacun s’efforce d’accomplir ou d’éviter les tâches de la vie qu’Adler juge communes à tous :

  • 1. Premièrement, comme nous vivons sur une petite planète dotée de ressources rares et précieuses, nous avons tous la responsabilité d’œuvrer constamment à améliorer notre existence et celle de tous les autres habitants de la terre.
  • 2. Deuxièmement, aucun de nous n’existe seul sur terre, et nos faiblesses nous empêchent de survivre sans l’aide et la confraternité des autres êtres humains.
  • 3. Troisièmement, la préservation de l’humanité passe aussi par une procréation fructueuse.

Selon la psychologie individuelle, les névroses et les difficultés relationnelles des individus proviennent en grande partie de l’incapacité à sortir d’une appréhension fausse et généralisée du rapport à autrui.

Ainsi, cette même force créatrice qui permet fort heureusement à l’individu d’adopter une posture face à l’existence, constitue en même temps, le principal obstacle au bonheur, de par l’opacité, voire la cécité que peuvent occasionner certains styles de vie sur la vision du monde des êtres. Pour Adler, qui est sur ce point un novateur tout à fait génial, la névrose est une libre création de l’individu qui trouve ainsi une solution, certes inadaptée mais nécessaire, pour affronter les principaux problèmes de la vie en société.

En synthèse donc, pour Adler le névrosé est celui qui, face aux exigences des trois sphères essentielles, ne parvient pas à s’appuyer sur un sentiment social suffisamment puissant pour combler le différentiel entre son style de vie (le plus souvent erroné) et les exigences du vivre ensemble, du monde du travail, ou du rapport amoureux. « La névrose est une stratégie de repliement face à la pression exercée par la société. Seule une grande aptitude à la coopération, qui s’appuie sur un sens social acquis et intégré au style de vie, permet à l’homme de s’émanciper du mécanisme psychique qui le fait évoluer du sentiment d’infériorité à la tendance compensatrice par l’adoption d’un style de vie erroné. »

« Ainsi, la recherche du triomphe, c’est à dire la métamorphose du sentiment d’infériorité en tendance compensatrice pour obtenir la supériorité, constituera le plus souvent une source d’échecs dans le comportement de l’individu, parce que sa vision du monde est faussée et qu’il n’est pas en mesure de s’adapter positivement à la vie en société. »

C’est pourquoi le problème prioritaire pour l’éducation comme pour l’enseignement est le même que pour le thérapeute qui recherche là aider son patient : tout d’abord recadrer la vision erronée de l’individu pour lui permettre de compléter sa carte du monde et ainsi appréhender le sens réel de la vie, puis enrichir sa capacité d’action en y intégrant des critères plus altruistes : ceux d’une vie en société équilibrée et épanouissante, notamment sur le plan professionnel et sur le plan affectif.